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lundi 1 août 2016

Dialogues à bout de souffle

SUR LA TRACE DE NIVES




ERRI DE LUCA
Récit à deux voix, celle d'Erri de Luca et celle de Nives Meroi, tous les deux alpinistes, ils nous livrent leurs impressions intimes sur l'alpinisme, leurs ascensions épiques ainsi que leur réflexion sur
notre société. Un homme, une femme, l'un écrivain et l'autre himalayiste, mais tous les deux alpinistes. Ainsi à travers ses conversations échangées sous une tente en pleine expédition, nous découvrons à bout de souffle, leurs anecdotes, leur univers, leur manière d'écrire leur histoire en se frayant une voie sur une pente raide afin d'atteindre la cime.

Sous la plume d'Erri de Luca, son engagement politique, sa vie de poète écrivain et ses ascensions se succèdent au gré de mots clés tel des broches ou pitons qui ponctuent la voie à suivre, le destin. Un piolet, une plume, un marteau, un sentier, une amorce syntaxique, des briques, une neige fraîche, une page blanche, un mur tout se mêle pour construire, raconter une histoire, accomplir un exploit qu'il est difficile souvent de partager.

Raconter ces exploits, ces ascensions difficiles, c'est aussi pour Erri de Luca faire un parallèle avec notre civilisation, notre société, notre système économique et politique. Ces deux univers ne sont pas symétriques car leurs codes diffèrent : 
p136 « En bas dans les villes, les mots sont de l'air vicié, ils sortent de la bouche à tord ou à travers, ils ne portent pas à conséquence. En bas ils sont gaspillés dans le brouhaha de la politique, de la publicité, de l'économie qui disent des mots sans devoir les faire, sans poids. Ici en haut nous les gardons dans la bouche, ils coûtent énergie et chaleur, nous utilisons les mots nécessaires, et ce que nous disons, nous les faisons ensuite. Ici, les mots vont de pair avec les faits, ils font couple. »

Très beau récit empli de poésie, d'images, de métaphores à bout de souffle, un souffle dit-il qui nous appartient pas car il faudra le rendre.

C.Bertin

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